La métamorphose du héros dans Le Roman de Renart

Véritable feuilleton médiéval, Le Roman de Renart est un recueil de contes de la France médiévale fruit de l’imaginaire fertile des jongleurs ou des copistes. Dans l’enthousiasme du récit, ces conteurs y ont introduit des changements ou de nouveaux épisodes qui en conditionnent la nature des personnages qui subissent, par un procédé purement littéraire, une transmutation représentationnelle. Ce que Roger Bellon appelle la « métamorphose illusoire », un mécanisme consistant à faire d’eux des mutants susceptibles de passer de l’animalité à l’humanité (la métamorphose illusoire alternée), ou de cumuler les deux natures, animale et humaine (la métamorphose illusoire simultanée). Le goupil nommé Renart demeure le héros dont la ruse intelligente en fait un personnage divers et insaisissable, chargé d’une constellation d’images. Sur le plan littéraire, la représentation mutante du héros renardien renvoie à une parodie des valeurs véhiculées par l’épopée chevaleresque et le roman courtois du Moyen Âge français. Sur le plan de la signification sociale, Le Roman de Renart apparaît comme une œuvre satirique ayant pour toile de fond la représentation de la condition humaine.