Sartre et la question de la violence

Cette recherche a été entreprise pour comprendre les rôles et les sens que Sartre a attribués à la question tentaculaire de la violence. Le XXe siècle, dont Sartre a traversé tous les enjeux, espoirs et tragédies, fut d’une violence inouïe. Lui-même, du conflit des consciences décrit dans L’Etre et le Néant à la lutte obsédante contre la rareté exposée dans la Critique de la raison dialectique, en passant par les textes engagés des Situations et par son rapport tumultueux au marxisme révolutionnaire, a eu maintes fois affaire à cette question. Les formes de violence étant très variées, il nous parut préférable d’opérer une distinction conceptuelle entre les figures individuelles et les systèmes collectifs de la violence, et d’appliquer cette typologie à l’œuvre morale et politique de Sartre. L’étude approfondie de figures telles que la haine, le masochisme ou la torture, et de systèmes tels que la guerre, la colonisation ou le génocide, nous ont permis d’établir plusieurs principes orientant implicitement la vision sartrienne de la violence et de mettre à jour le jeu complexe qui relie ces figures et systèmes de la violence dans l’œuvre du chef de file de l’existentialisme